
Le sol est le facteur clef pour la réussite d'un arboretoom.
La méthode miyawaki propose une rénovation au préalable du sol d'accueil des arbres. Cependant, certain sols d'implantation présentent déjà des conditions correctes. Il est nécessaire de mieux comprendre le fonctionnement d'un sol, de l'étudier, avant de composer le design forestier.
Miyawaki propose d’accélérer le processus en plantant directement la forêt sur un sol à nu soit parce que fortement anthropisé (sol urbain ou périurbain), soit parce que pollué (sol industriel), soit parce que fortement dégradé suite à des catastrophes naturelles (inondations, tsunamis, coulées de boues etc.).
Pour que la croissance de la microforêt soit rapide et optimale, outre le principe de densifier et diversifier les essences plantées, Miyawaki reconstitue les conditions d’un sol forestier :
sol évolué, profond et aéré, riche en activité biologique, en humus et en matières minérales.
Définissons d’abord le terme de sol : il s’agit de la formation la plus superficielle de la croûte terrestre qui se distingue par son caractère meuble, c’est-à-dire qui se fragmente facilement. Contrairement à ce que la plupart des gens pensent, le sol ne se limite pas à la couche du labour mais s’étend beaucoup plus en profondeur. Son épaisseur est très variable, de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres ; sous nos latitudes, le sol dépasse rarement le mètre.
Le sol se forme naturellement mais il peut aussi être aménagé ou même créé par l’homme ; on parle alors de sols anthropisés ou de technosols.
Qu'est-ce qu'un sol ?
Le sol naturel n’est pas un dépôt mais il résulte de la désagrégation physique et de l'altération chimique d’une roche sous l’influence :
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du climat et surtout de l’eau
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des organismes vivants et essentiellement des végétaux
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de la nature de la roche “mère”
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du relief
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du temps.

Pédogénèse
Lorsqu'une roche est mise à nu par l'érosion, il faut des centaines à des milliers d'années pour désagréger la roche en petits morceaux et altérer ses minéraux pour produire des argiles et un véritable sol, apte à accumuler les nutriments et assez d'eau dans ses pores pour alimenter la végétation qui va le coloniser.
Ce processus de transformation, aussi appelé pédogenèse, évolue continuellement voire se superpose à d’autres pédogenèses plus anciennes. Cette lente évolution peut être réduite à néant en très peu de temps et le processus devenir parfois irréversible : quelques mois suffisent en effet après un tassement modéré pour faire basculer un sol sain mais sensible vers un milieu hypoxique (à déficit d’oxygène) et hydromorphe (avec un excès d’eau), inapte à soutenir une forêt ou une culture.
Il faut plusieurs siècles à plusieurs millénaires pour qu’un sol évolué se constitue. Cette ressource naturelle est difficilement renouvelable.
Le sol est un milieu poreux...
qui filtre les eaux météoriques, stocke dans ses micropores les eaux utiles aux plantes et permet aux eaux excédentaires de circuler rapidement dans les macropores pour alimenter les nappes phréatiques, les rivières. Il assure aussi la continuité et le renouvellement de l'atmosphère en son sein.
Le sol est un milieu structuré...
où les particules minérales de tailles diverses s'allient de façon plus ou moins stable avec l'humus, le calcium et divers complexes métalliques (fer, manganèse, potassium) pour former des mottes, des agrégats et des horizons aux propriétés différentes (couleur, texture, structure, densité, etc.).
C’est un habitat qui abrite d'innombrables êtres vivants...
des microorganismes, des animaux, des champignons qui profitent d'une infinité d'habitats différents et de surfaces de contact permettant des échanges entre les divers habitants. C'est l'un des refuges de la biodiversité d'où ont été tirées de nombreuses molécules utilisées par l'homme (ex. antibiotiques, ferments lactiques, etc.).
C'est un lieu de stockage de l'eau, de métaux et d'autres ressources précieuses...
eaux “minérales”, terres rares, argiles pour la poterie, les cosmétiques, la pharmacie, minéraux et métaux recherchés par l'industrie. C’est un matériau de construction isolant qui est utilisé depuis l'antiquité pour élever des murs en argile tassée. Une fois cuites à haute température, ces argiles forment des briques et des tuiles.
C'est un lieu de stockage du carbone et des nutriments pour les plantes...
azote, phosphore et soufre dans les matières organiques, cations et métaux adsorbés sur les argiles et l'humus, divers nutriments constituant des limons et certains sables capables de restituer progressivement la silice, des cations (potassium, calcium, magnésium) et divers nutriments minéraux (oligo-éléments) dont les plantes et les animaux ont besoin pour se développer.
Le sol est un composé complexe de matières organiques et minérales, de gaz et d'eau, support et matrice de la vie.
Les sols et les forêts sont intrinsèquement liés, ils s’influencent mutuellement et influent également sur l'environnement.

Dans les régions forestières non exploitées, la pédogenèse est à l’équilibre :
les pertes en minéraux sont compensées par l’altération chimique de la roche mère, la matière organique est recyclée in situ. L’ensemble participe au déploiement de la couverture végétale, de la fertilité et de la stabilité structurale du sol.
On dit qu'un sol est dégradé quand il a perdu une ou plusieurs de ses qualités.
Le travail mécanique des sols cultivés et leur mise à nu temporaire renforcent l'érosion du sol. Le système n'est plus en équilibre : le sommet du sol “descend” plus vite que sa base. Outre cette perte en volume des terres, la récolte des plantes cultivées ou la coupe et l’enlèvement de bois sont autant d’humus et de précieux sels minéraux qui ne sont pas restitués aux sols. Exploités ainsi, les sols agricoles et sylvicoles s'amincissent et s’appauvrissent, progressivement et irrémédiablement.
Les sols urbains quant à eux sont influencés plus ou moins intensément par les activités humaines. Il sont souvent imperméabilisés artificiellement ou sous l’effet du tassement et sont ainsi coupés du cycle naturel de l’eau, du carbone et de l’azote ; ils s’acidifient et la vie y disparaît. Les sols urbains à péri-urbains se réduisent souvent à une pellicule compactée et inerte.
Seule la restauration «naturelle» permet à la porosité, à la structure et à la qualité chimique et biologique de ces sols dégradés de se reconstituer. Néanmoins cette restauration est lente, d’autant plus si le sol est pauvre.
Pour accélérer le processus de réhabilitation de ces sols très appauvris, Miyawaki propose, avant la plantation d’une microforêt indigène, de reconstituer artificiellement, totalement ou partiellement, le sol en place avec des matériaux naturels favorisant la perforation des racines, l'absorption et la rétention d’eau, et d’y ajouter du compost.
Le sol reconstitué selon la méthode Miyawaki reproduit les conditions d’un sol forestier.
Quel que soit le degré de tolérance d’une essence arboricole aux contraintes du milieu, plus le sol sera riche avec une structure stable, meilleures seront l’expression du potentiel de l’essence et sa croissance.
L’étude pédologique permet de déterminer la nature et l’état du sol en place pour
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mesurer son aptitude à recevoir une microforêt selon la méthode Miyawaki
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proposer les mesures correctrices ou compensatoires à prévoir
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orienter le choix des essences locales à implanter.
L'association LIKEN, dans le cadre du projet Arboretoom, agît de deux façons distinctes concernant l'étude de sol.
A / Lorsque le projet entre dans le cadre d'une action écocitoyenne, l'étude du sol comme le design forestier entre dans une logique de bénévolat. En collaboration avec les services techniques des communes, nous gérons les interactions afin d'obtenir un maximum d'informations à moindre coût.
B/ Si l'Arboretoom entre dans le cadre d'une commande d'étude pouvant aller jusqu'à la réalisation, nous appliquons une méthodologie qui nous est propre et adaptée à chaque territoire.
Cette étude fait l'objet d'un devis dont une partie des bénéfices assurera la rémunération des pédologues en charge de la mission. Une autre partie permettra de consolider un fond de dotation pour amplifier l'autonomie des actions écocitoyennes.
de l’intérêt d’analyser l’état
du sol
sur lequel
un
arboretoom
va être plantée.
Pour toute demande d'étude ou d'intervention sur site, contactez Carole Paillé avec le formulaire en bas de page